Elise Fellner Robein

Valérian Hou

Emmanuelle Colboc et associés, Paris

Michel Rémon et associés, Paris

Lazo et Mure architectes, Paris

Rudolf + Sohn, Munich Allemagne 

Lazo et Mure architectes, Paris

gmp, Hambourg Allemagne

Caretta + Weidmann, Bâle Suisse

Réflexions sur une pratique architecturale

L’architecture que nous produisons aujourd’hui est le reflet d’une société. Nos modes de consommation et de production, l’individualisme et l’anonymisation qui grandit, mais aussi notre dépendance aux technologies numériques, se retranscrivent dans les ouvrages que l’on construit aujourd’hui. Absorbée par les flux de l’obsolescence et des capitaux, l’architecture est de plus en plus incluse dans la sphère de la consommation.

 

Les problématiques environnementales sont encore abordées de manière trop superficielle, notamment dans le domaine de la construction. L’usage massif de matériaux issus de l’industrie pétrochimique, en particulier l’emploi d’isolants inappropriés avec des méthodes inadaptées d’isolation par l’extérieur, en sont les exemples les plus parlants. A cela s’ajoute des systèmes de ventilation ou de renouvellement de l’air, assurés par des machines dont la durée de fonctionnement n’excède pas 20 ans. Nous utilisons des produits préfabriqués qui ont nécessité une production d’énergie grise  souvent conséquente, dans le but de répondre aux résultats d’une course à la performance énergétique sans prendre en compte l’impact réel de leur production sur l’environnement.

 

Dans le contexte de crise écologique et sociale que nous rencontrons, nous défendons une pratique architecturale engagée, respectueuse des paysages bâtis et naturels. Nous recherchons une échelle et une temporalité de projet plus pérennes, allant à l’opposé de la sphère de la consommation, à l’encontre d’une architecture à échéance, devenue périssable. Pour bâtir de manière durable, il faut avant tout que nos constructions durent dans le temps.

 

Faire le choix de matériaux et systèmes constructifs qui garantissent une pérennité de l’ouvrage et donc construire des bâtiments qui sont capables de recevoir des réparations, qui évoluent avec le temps plus qu’ils ne se dégradent, est sans doute une manière plus «durable» d’envisager la vie des bâtiments. Cette logique va à l’encontre d’une «écologie productiviste». Il s’agit d’une architecture qui se passe de technologie pour être écologique. Au lieu d’être centrée sur les performances, elle prend en compte la globalité de l’impact de la construction, de la production des matériaux à leur mise en œuvre jusqu’à l’usage du bâtiment.

 

La notion de finitude de nos ressources contribue à porter une attention à la matière et à l’usage que l’on en fait. En effet, le re-questionnement sur l’emploi des ressources dans la construction, conduit à repenser la manière dont on aborde les choix des matériaux dans la conception du projet.

 

L’urgence climatique doit nous faire repenser notre manière de bâtir sans pour autant faire passer la question architecturale au second plan. La vertu écologique ne constitue pas à elle seule l’objectif d’un projet, même si elle doit y être intégrée de manière indissociable. La qualité de l’urbanisme, des espaces publics, des espaces domestiques et la manière dont leur articulation améliore notre vivre-ensemble, constitue la centralité de notre travail.

 

Nous voulons œuvrer pour une architecture inscrite dans son territoire, qui porte l’expression de sa situation géographique. Cette volonté se traduit notamment par la matérialité et la forme architecturale qui découlent du système constructif employé. Une architecture dont les matériaux et leur mise en œuvre sont issus des ressources locales et du savoir-faire des artisans, contribue quelle que soit son époque, à consolider les spécificités culturelles d’un milieu.

 

La consommation excessive des terres constitue l’autre sujet préoccupant des conséquences de la construction sur notre environnement. Pour pallier à cette tendance, nous devons d’abord œuvrer à recréer des centralités. Les villes et les villages n’ayant plus de limites, ils débordent et s’étendent si bien qu’en Europe, nous vivons essentiellement dans la «Zwischenstadt». Ni ville, ni campagne, il s’agit d’un «entre deux villes» qui bien souvent n’a pas de centralité propre et constitue

 

un troisième paysage qu’il faut soigner. Ce phénomène d’extension non maîtrisée, s’observe également dans les milieux ruraux, autour des bourgs alors que leurs centres historiques ne sont plus habités. C’est ainsi que l’on voit sortir de terre des lotissements qui grignotent les terres agricoles, qui à leurs tours, rognent sur les forêts et les prairies. 

En réinvestissant les centres anciens, nous pourrions ainsi sauver le patrimoine bâti traditionnel en perdition et freiner l’expansion sur les terres agricoles et les espaces naturels. La transformation de ces tissus historiques et de leurs bâtisses délaissées, (qui ne correspondent plus aux attentes de confort thermique, d’éclairement naturel, d’espaces…) est nécessaire pour les adapter au confort de vivre et aux usages actuels, que ce soit en logements, en petits équipements de proximité ou encore en espaces publics. Rénover, et réhabiliter dans le respect du bâti, mais aussi accepter des modifications qui permettront un nouvel attrait de la part de la population contribuera à la revitalisation des centre-bourgs.

Un travail qui permet ainsi une transformation douce des tissus existants, sans déséquilibrer le déjà-là, tout en trouvant des solutions pour adapter le cadre de vie des habitants à leurs habitudes qui évoluent.  Il est essentiel que nous travaillions en conscience de l’impact que notre pratique peut avoir sur notre environnement proche, y compris économique, social, et culturel.

RobeinHou architectes
S.A.R.L d’architecture inscrite à l’ordre des architectes
Siège social : 13 A rue de Geispitzen, Schlierbach